8 unions du R-FEF s’engagent à être l’Église Une

Être et vivre l’Église “une”

Les dirigeants de 8 unions membres du Réseau FEF se sont engagés à mieux vivre “l’Église Une” ensemble dans une Déclaration commune présentée le 22 mars 2024 à Chevilly-Larue à l’occasion du Séminaire des acteurs clés du réseau. Chacun à leur tour les représentants de ces unions ont lu publiquement un des articles de la Déclaration commune : Pierre BARITEAU (CAEF), Serge OULAÏ (AEEI), Patrice NIVEAUX (Perspectives), Joseph HUBERT (APC/FPC), Jérémie BIANCHERI (Charis), Dante D’ANTIMO (Action Biblique), Olivier LO (AECM), Étienne GROSRENAUD (AEEBLF).

Le besoin d’affirmer notre compréhension biblique de l’Église

Depuis plusieurs années, le Réseau FEF travaille au développement de relations plus fortes entre les “acteurs-clés” et dirigeants de ses unions membres et cherche à favoriser des synergies partout où c’est possible. Après plusieurs rencontres où des besoins de mutualisation ont été identifiés depuis le terrain, le séminaire 2023 a été l’occasion de penser théologiquement cette question.

Les uns et les autres, ensemble, ont alors réalisé qu’il ne s’agissait pas simplement de penser la mutualisation du point de vue pratique. La Bible et notre compréhension théologique de l’Église obligent à considérer une réalité de l’Église plus grande que l’Église locale. En effet, le Dieu trinitaire a déployé un projet de salut tout au long de l’histoire pour se constituer un seul peuple. Le Père désire l’Église. Il aurait pu ne pas la constituer.Il y a quelque chose plutôt que rien, et l’Église plutôt qu’autre chose, parce que Dieu a choisi de former un peuple pour en faire son bien le plus précieux (Ex 19.5).” Kevin Vanhoozer

Christ a donné sa vie pour cette réalité grandiose que nous appelons “l’Église Une” (Ep 5 : 25), et le Saint-Esprit a été répandu pour que les croyants forment concrètement un seul ensemble et vivent unis (Ep 2 :21-22). La Bible atteste de nombreuses fois que c’est cette réalité de l’Eglise qui est au cœur du projet divin. Ainsi, c’est d’abord théologiquement qu’il faut penser l’Église “Une”, la recevoir comme étant le projet du Dieu trinitaire, pour ensuite vivre de manière pratique cette dimension parfois négligée.

Après plusieurs réunions de travail, les dirigeants d’unions participant au séminaire 2023 et le Comité National du R-FEF ont tenu à écrire cette déclaration commune qui dit un engagement fort et une volonté réelle de vivre “l’Église Une” ensemble. Un an après, lors du séminaire 2024 du Réseau FEF, cette Déclaration commune a pu être présentée publiquement.

Ce premier texte, qui pose les fondements théologiques de notre engagement à ÊTRE Église “Une”, sera complété par un second texte axé sur le fait de VIVRE l’Église “Une”. Cette deuxième partie de la déclaration, sera prochainement travaillée par les dirigeants d’unions et consistera à proposer des actions pratiques.


DÉCLARATION COMMUNE

Article n°1

Ensemble, nous affirmons que l’Église est le peuple de Dieu, le corps et l’épouse de Christ, le temple de l’Esprit. L’Église, en tant qu’entité spirituelle universelle tout comme dans ses expressions locales concrètes, est la propriété exclusive du seul Dieu trinitaire. En effet, chaque croyant étant uni à Christ par l’Esprit, au moyen de la foi, est aussi indissociablement uni à tous ceux qui sont unis à Christ. C’est ainsi que le Père établit sa famille, l’Église.

Nous reconnaissons ainsi que, quelles que soient nos responsabilités locales ou nationales, nous sommes des intendants qui auront à répondre de notre manière de gérer l’Église devant Lui. Nous confessons, humblement, que nous avons parfois agi en propriétaires et que nous avons eu une vision étriquée de l’Église.

Ensemble, nous nous repentons, et poussés par la Parole, nous voulons dire à la fois l’importance de l’Église locale et de la réalité de l’Église universelle, “l’Église Une”, que nous sommes aussi appelés à vivre concrètement dans des liens visibles. Nous reconnaissons que c’est un privilège qui nous est offert par grâce de pouvoir être Église ensemble pour la seule gloire de Dieu.


Article n°2

Ensemble, nous confessons que Dieu est le souverain absolu, qu’il n’est contraint par rien ni personne et qu’il est l’unique créateur. Nous croyons que dans sa générosité créative, notre Seigneur a voulu de la diversité au sein de l’humanité et au sein de son Église.

Nous reconnaissons ainsi que, depuis le début de son histoire, l’Église a pris des formes variées, en s’adaptant à des contextes divers tout en cherchant à rester fidèle. Nous bénéficions aussi du fait que nous ne sommes plus sous le régime de la Loi, mais sous le régime de l’Esprit qui a inspiré les auteurs bibliques dont les écrits font autorité pour nous, et qui laissent une certaine place à une diversité d’expression ecclésiale.

Nous accueillons cette diversité comme un cadeau divin, témoignage de sa bonté, et que nous discernons en particulier au travers des dons d’hommes et de femmes qu’il a accordés à son peuple. Nous reconnaissons donc très paisiblement que l’Église est bien plus grande que le Réseau FEF. Nous voulons, comme Barnabas en Actes 11.22-24, nous réjouir de pouvoir ainsi découvrir les différentes facettes de l’œuvre de Dieu.

En même temps, nous assumons avec respect nos convictions au sein d’un courant théologique particulier (piétiste-orthodoxe). Nous avons en ce sens tous signé une confession de foi, et affichons sans agressivité ni complexe une certaine compréhension de la sotériologie et de la pneumatologie. Ainsi, comme bien d’autres évangéliques, nous considérons fondamentale l’œuvre de substitution pénale de Christ à la croix.

Tout en valorisant les autres « motifs » utilisés par l’Écriture (le rachat, l’adoption, la victoire, le sacrifice, la réconciliation), nous croyons que cet élément est essentiel à une bonne compréhension de l’Évangile et qu’il doit être affirmé explicitement. De même, nous croyons, avec d’autres, que la nouvelle naissance correspond au baptême de l’Esprit, et que de fait, il n’est pas indispensable de vivre une seconde expérience marquée d’un don spécifique.

Ainsi, au sein du CNEF, où nous sommes pleinement impliqués, nous portons explicitement ces accents théologiques (qui se déclinent de manière pratique dans notre spiritualité, notre ecclésiologie, notre pratique ministérielle, …). Nous croyons que le débat théologique serein n’est pas de nature à affecter notre communion en Christ. En même temps, nous souhaitons collaborer de manière plus active au sein de notre pôle R-FEF, facilitée par une même compréhension sur des aspects importants de l’expression de notre foi. Nous croyons que c’est aussi comme cela que nous répondons à notre vocation d’Église du Seigneur.


Article n°3

Ainsi, au sein du CNEF, où nous sommes pleinement impliqués, nous portons explicitement ces accents théologiques (qui se déclinent de manière pratique dans notre spiritualité, notre ecclésiologie, notre pratique ministérielle, …). Nous croyons que le débat théologique serein n’est pas de nature à affecter notre communion en Christ. En même temps, nous souhaitons collaborer de manière plus active au sein de notre pôle R-FEF, facilitée par une même compréhension sur des aspects importants de l’expression de notre foi. Nous croyons que c’est aussi comme cela que nous répondons à notre vocation d’Église du Seigneur.

Nous reconnaissons que nous avons péché en étant parfois bien individualiste. Nous reconnaissons que le projet de Christ est plus grand que l’Église locale. Nous regrettons aussi que les unions d’Églises du R-FEF soient aussi le fruit d’histoires moins glorieuses, et ensemble, nous affirmons que le péché a abîmé bien des relations, créé bien des tensions et des divisions. Nous voulons donc vivre réellement l’unité.

Nous croyons en effet que c’est à l’amour qui nous unit les uns et les autres, dans des liens incarnés, visibles et concrets, que le monde saura que nous sommes le peuple du Dieu d’amour. L’amour vécu dans nos relations fraternelles n’est pas une option éthique à ajouter de temps en temps, mais il est constitutif de la nature même constitutif à la nature même de l’Église. Il n’est donc pas négociable et doit être recherché absolument.

Nous reconnaissons donc ensemble notre besoin vital de la présence et de la direction du Seigneur pour vivre véritablement ce que nous sommes en tant qu’Église. Cela implique d’assumer nos convictions et de collaborer, autant que possible, de manière bien plus intentionnelle, portant le même désir d’honorer le Seigneur et partageant la même mission. Le monde a en effet besoin d’entendre l’Évangile pour être sauvé, et nous voulons porter cette bonne nouvelle avec tous ceux qui, comme nous, connaissent le Sauveur et Seigneur : Jésus-Christ.


Article n°4

Ensemble nous reconnaissons que c’est par le Saint-Esprit et d’abord au moyen de la Bible, que le Seigneur dirige, oriente, reprend et réforme son Église.

Nous croyons que les premiers apôtres ont été mandatés pour un rôle spécifique. Lorsque nous reprenons leur enseignement pour nous encourager, nous exhorter, nous enseigner les uns les autres entre frères et soeurs dans la foi, ou encore lorsque nous reprenons leur témoignage rendu à Jésus pour l’annoncer à des incroyants, notre parole est une parole prophétique, une parole de Dieu, dans la mesure où elle est fidèle à l’enseignement apostolique.

Nous reconnaissons que Dieu a parlé définitivement en Christ, Parole exposée de façon normative et définitive dans le témoignage apostolique (NT), mais l’Esprit, en toute cohérence avec l’enseignement qu’il a lui-même inspiré, agit dans une liberté souveraine pour faire grandir le peuple de Dieu et apporter l’Évangile à ceux qui ne le connaissent pas. Le Saint Esprit, agissant dès la Pentecôte, ajoute à l’Église ceux qui sont sauvés et a permis ainsi à l’Église de se développer à Jérusalem, en Judée, en Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre, jusqu’en France. Il continue de le faire et invite son Église, toute son Église, à être sel et lumière, à manifester par son unité et son témoignage commun le message de l’Évangile de Jésus-Christ, seul sauveur.

Nous reconnaissons ainsi notre besoin de l’action de l’Esprit dans nos vies et dans l’Église pour nous rendre capables de vivre l’Évangile en honorant Dieu et en nous mettant réellement à son écoute. Nous voulons puiser en Lui toutes les ressources pour grandir dans une vie riche du fruit qu’il veut produire en nous, et pour contribuer à la croissance et à l’édification de son peuple en mettant fidèlement en œuvre les dons qu’il accorde à son Église. Nous voulons donc résolument nous mettre à l’écoute de Dieu, et obéir à sa Parole et vivre l’Évangile. Nous nous engageons donc ensemble, à consacrer du temps à la prière et à l’écoute de Dieu, non seulement au niveau personnel et local, mais ensemble au sein du R-FEF.


Article n°5

Ensemble nous croyons donc que nous sommes appelés par le chef de l’Église à être Église ensemble et à rechercher à incarner réellement l’unité qui nous lie à Lui et en Lui.

Ensemble, nous décidons donc de vivre concrètement ces liens que nous avons en Christ. Nous constatons que toutes les unions d’Églises du Réseau FEF ont récemment connu une trajectoire menant vers plus de liens entre les Églises locales, certains assumant franchement une organisation synodale, d’autres un semi-congrégationalisme affirmé, et d’autres affirmant le statut essentiel de l’Église locale autonome, tout en travaillant à une communion plus forte.

Ces organisations suivent des itinéraires différents et en sont à des stades différents, en fonction de la taille et de l’histoire des unions, mais toutes s’orientent vers plus de relations entre les Églises locales, réalisant qu’il y avait un manque dans notre manière d’être Église.

Nous confessons que ce qui a souvent motivé les rapprochements était moins spirituel et théologique que fonctionnel et pragmatique, et que, de même, les manières de vivre l’Église locale ont parfois souffert de la même tendance.

Nous sommes aussi conscients que les diversités ecclésiologiques de notre réseau ne sont pas toujours liées à une union précise, mais bien plus à la manière dont les congrégations et leurs responsables conçoivent en interne la manière de devenir membre, la gouvernance, les ministères, la place du pasteur, mais aussi l’organisation du culte, la vie en Église dispersée, la place de la « vocation » de tous dans le travail séculier, la manière d’accompagner les grands évènements de la vie (mariage, funérailles, etc.).

L’aspect congrégationaliste de notre sensibilité théologique laisse en effet une marge assez conséquente aux Églises locales et à leurs responsables sur ces questions. Il est évident aussi que les parcours de formation, les arrière-plans culturels, ecclésiaux, familiaux, mais aussi les sensibilités et les interprétations des uns et des autres jouent nécessairement à cet endroit.

Ensemble, nous accueillons paisiblement ces diversités ecclésiologiques au sein de notre réseau. Elle est une des expressions de ce que Dieu fait dans l’expression variée de sa grâce. Par ailleurs, notre réseau n’est de loin pas figé sur ces questions. Il y a une forme de malléabilité dans la pratique des Églises locales, car elles sont composées de personnes aux parcours variés.

Tout en assumant cette diversité, nous réaffirmons aussi notre identité théologique et ses particularités. Cette identité n’est donc pas poreuse à tout vent de doctrine, ni aux modes du moment, ce qui implique un travail de discernement collectif et un travail de veille théologique. Il s’agit aussi de penser ensemble la mission dans le contexte qui est le nôtre, et de conjuguer notre foi et ses accents propres pour le monde qui nous entoure. Ainsi, ensemble, nous voulons donc tout à la fois cultiver un sain débat théologique et vivre les convictions qui sont les nôtres, au sein de la mouvance évangélique, protestante, et chrétienne.

La grande mobilité des chrétiens (mutations professionnelles, études, etc.) aujourd’hui participe largement à ce dynamisme qui est une richesse et, nous le croyons, une opportunité pour les Églises, appelées à se réformer sans cesse, en confrontant leur pratique au texte biblique.


Notre engagement

Conscients de ces différents éléments, ensemble, nous affirmons donc qu’à l’intérieur de notre courant théologique nous ne pouvons plus nous satisfaire d’une juxtaposition d’Églises locales qui ne feraient que se tolérer dans un même espace géographique. Nous voulons donc œuvrer pour des partenariats réels, des actions communes et des mutualisations dans les bassins d’Églises, en encourageant ce qui se vit déjà et en le développant partout où c’est possible. Nous voulons aussi résolument nous atteler à cette tâche au niveau national, entre les unions, de manière à obéir à Dieu, pour vivre l’Église telle que la Parole nous demande de la vivre.

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