Article 1 : Le Dieu trinitaire (Confession de foi pratique)

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Introduction

Dans le cadre de ses missions, le Comité théologique du Réseau FEF a réinvesti la Confession de foi du Réseau FEF pour décliner chaque article de manière pratique. L’objectif est de mettre en lumière les points doctrinaux qui rassemblent nos unions membres et d’équiper nos assemblées à vivre concrètement ces réalités essentielles. Voici le sommaire des différents articles :


Article 1 – Le Dieu trinitaire

Nous adorons un seul Dieu, qui existe en trois personnes de toute éternité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Tout en partageant pleinement la même et unique nature divine, les trois personnes demeurent distinctes et des rôles distincts leur sont appropriés. Le Père communique éternellement l’être et la vie au Fils. L’Esprit reçoit éternellement l’être et la vie du Père et du Fils. Le Père conçoit les projets divins et accomplit ses œuvres envers la Création par la médiation du Fils. Le Père et le Fils sont présents au monde et y agissent par l’Esprit. Nous croyons que Dieu est absolu, immuable, tout-puissant, omniprésent, omniscient, parfaitement sage, saint, juste et bon. Il est Esprit. Il est vérité. Il est amour. Il est le Créateur de toutes choses et tout subsiste par lui et en lui ; il est souverain sur toute la Création. À lui sont dus, au suprême degré, confiance, obéissance, reconnaissance, amour et louange !

Confession de foi du Réseau FEF

Redécouvrir la doctrine du Dieu trinitaire

Dans son influent ouvrage Après la vertu, paru en 19811, le philosophe britannique Alasdair MacIntyre prend pour point de départ l’« oubli », par la civilisation occidentale, du sens des mots qui fondent notre référentiel moral. Il souligne que nous continuons à utiliser dans notre langage courant des mots comme « dignité », « justice » ou « courage » mais que, suite à l’héritage complexe des Lumières et du rationalisme, ces mots sont devenus en quelque sorte des coquilles vides. Ils nous paraissent importants, car nous avons « gardé la mémoire » de leur importance… mais nous ne savons plus réellement ce qu’ils veulent dire. Personne n’est d’accord sur leur sens, et personne n’est plus capable de les utiliser pour fonder des principes moraux.

Au risque de forcer le trait, on peut se demander s’il en va de même de la doctrine trinitaire en théologie évangélique. Nous en avons, dans une certaine mesure, conservé les concepts et le vocabulaire (bien qu’ils soient en bonne partie réservés à une élite théologienne). Nous demeurons convaincus, en théorie, de l’importance de la doctrine. Nous considérons à juste titre que qui ne peut confesser de façon minimale la tri-unité de Dieu sort du champ du christianisme historique, y compris évangélique. Mais trop souvent, au-delà de ce test basique, nous ne savons que faire de cette doctrine. Nous avons tendance à « cocher la case » de la Trinité dans nos professions de foi, puis à en parler le moins possible. Il en ressort une catéchèse particulière dans laquelle la doctrine est présupposée mais très peu abordée, encore moins appliquée, notamment dans la compréhension des Écritures.

Comment expliquer cet état de fait ? Deux facteurs paraissent avoir joué un rôle :

D’abord, on peut penser que l’emprise de l’anti-intellectualisme sur une bonne partie du « monde évangélique » a joué un rôle important dans ce désintérêt effectif pour la pensée trinitaire. Pour des raisons historiques diverses et complexes2, cette approche qui estime miser tout sur la piété et la pratique est allergique à la réflexion abstraite comme aux apports de l’Histoire et de la philosophie.

Un autre facteur qui paraît avoir pesé est la compréhension réductrice et simpliste du Sola Scriptura chez bon nombre d’évangéliques, par laquelle on rejette largement l’héritage des Pères de l’Église… et de la Réforme. On opte ainsi pour un « Solo » Scriptura qui refuse de s’intéresser à d’autres sources que l’Écriture pour nourrir la foi et la pensée. Par contraste, le Sola Scriptura authentique ne rejette pas la pensée théologique qui s’est construite au fil des siècles à la lumière des Écritures. Cette doctrine chère aux Réformateurs estime que seule l’Écriture est Parole de Dieu et infaillible, et que toute autre source de connaissance doit être évaluée à sa lumière. Mais ce Sola Scriptura historique n’a jamais rejeté la pensée des docteurs de l’Église. Pour s’en convaincre, il suffit de constater, par exemple, à quelle fréquence Calvin cite saint Augustin dans son Institution chrétienne !

Faut-il désespérer de la situation actuelle dans laquelle la Trinité semble presque oubliée ? Certainement pas. Le « renouvellement de l’intelligence » (Romains 12.2) est au cœur de la vie chrétienne. Même si bien des tendances observées dans la sphère évangélique peuvent nous décourager, il y a toujours de quoi espérer et repartir de l’avant.

Pour ce qui concerne la théologie trinitaire, on peut d’ailleurs constater une dynamique incontestable de l’autre côté de l’Atlantique. Plusieurs théologiens évangéliques comme Scott Swain, Fred Sanders, ou leurs plus jeunes collègues Matthew Barrett et Luke Stamps, parmi d’autres, ont cherché à (re)placer la Trinité au cœur de la théologie évangélique. Ils ont également promu une remise à l’honneur de la patristique pour éclairer et enrichir l’herméneutique et la systématique évangéliques.

Se pourrait-il qu’une dynamique semblable se développe en France ? À vrai dire, on ne peut accuser nos docteurs évangéliques francophones, comme Henri Blocher ou Sylvain Romerowski, d’avoir négligé la pensée trinitaire, bien au contraire. Mais le bât blesse quelque peu lorsque nous considérons nos milieux ecclésiaux au-delà de ces quelques maîtres.

Que comprennent nos paroissiens de la Trinité ? Sont-ils capables d’en formuler clairement et simplement la doctrine ? Sont-ils conscients des enjeux de cette doctrine pour une saine compréhension de l’Évangile ?

Ces questions doivent, bien sûr, pousser les théologiens et pasteurs évangéliques français à s’examiner pour savoir dans quelle mesure la révélation du Dieu trinitaire façonne leur pensée, leur enseignement et leur pastorale.

Il y a là un vaste chantier, qui nécessite une réflexion commune et approfondie. Il semble toutefois possible de suggérer quelques pistes pour lancer la dynamique au niveau des pasteurs et des Églises locales :

  • Une remise à l’honneur, au niveau des Églises locales, de quelques incontournables de la grande tradition théologique dont nous héritons. On pourrait imaginer, par exemple, qu’une Église étudie, Bible en main, le symbole de Nicée ou de Chalcédoine, pour s’approprier ces acquis théologiques sur lesquels repose aussi notre doctrine évangélique.
  • Une mise à niveau du corps pastoral vis-à-vis de certains concepts de la théologie trinitaire (engendrement éternel, intellection, spiration, appropriations, opérations inséparables…), pas nécessairement pour les transmettre tels quels, mais pour façonner et recentrer la pensée des docteurs de l’Église sur une saine doctrine de Dieu, et éviter les nombreuses dérives, parfois subtiles, dans le domaine de la théologie trinitaire.
  • Une réappropriation délibérée, par des pasteurs évangéliques français, du « langage » trinitaire biblique, dans la prédication comme dans d’autres séquences liturgiques (présidence, cène, etc.)
  • La mise en évidence de la place essentielle de la Trinité pour une juste compréhension de l’Évangile. (Ainsi, si le Fils n’avait pas été Dieu, le message de la croix ressemblerait à une monstruosité plutôt qu’à une bonne nouvelle !)
  • La mise en évidence de l’importance de la Trinité dans la piété au quotidien, notamment pour une juste compréhension de la prière.

Trop souvent, les évangéliques se privent de la richesse du conseil de Dieu en lisant l’Écriture à travers des lunettes étroitement biblicistes, marquées par une sotériologie paradoxalement omniprésente et superficielle à la fois, comme par un accent déséquilibré sur l’expérience et les émotions. Il n’est pas étonnant que, dans ce contexte, le langage et la pensée trinitaire aient été tant négligés.

Dans ce contexte, les « pasteurs-théologiens » ont un rôle particulièrement important à jouer. Ce serait un comble de déplorer la faiblesse de la réflexion théologique dans nos milieux sans se sentir responsables en premier lieu de cet état de fait. N’est-ce pas précisément aux pasteurs et docteurs de l’Église d’aujourd’hui de se réapproprier en premier lieu la pensée et le langage trinitaires ? Loin de nous détourner de l’Écriture seule infaillible, une telle démarche nous permettra au contraire de redécouvrir en elle bien des trésors que nous avons trop longtemps oubliés.

Éléments explicatifs de l’article 1

Nous croyons dans le Dieu trinitaire – Par matthieu gangloff

Une affirmation fondamentale !

Les chrétiens ne s’en rendent souvent pas compte, mais la doctrine de la Trinité affecte l’ensemble de la vie de foi du chrétien. Des enjeux majeurs sont liés à cette doctrine. C’est un thème central et essentiel pour le chrétien. S’il y a des sujets sur lesquels des divergences sont admises sans remettre en question l’orthodoxie chrétienne (tels que la place d’Israël vis-à-vis de l’Église, les modalités des temps de la fin, les ministères féminins), ce n’est pas le cas de la doctrine de la Trinité. C’est une doctrine fondamentale ! Si elle est retirée, toute la foi s’écroule. Dit autrement, ne pas y croire n’est pas juste une erreur, c’est une hérésie ! Ne pas professer cette doctrine revient à sortir du christianisme.

Beaucoup ne réalisent pas les enjeux de ce sujet, et comme c’est un élément de doctrine complexe (bien que relativement simple à formuler !), il y a aussi un enjeu pour le témoignage. En effet, peu de chrétiens se sentent à l’aise pour expliquer cet élément si essentiel de la foi.

L’exception chrétienne

La doctrine de la tri-unité divine est la grande originalité de la foi chrétienne dans sa perception de Dieu. Aucune autre religion ou croyance n’affirme un tel dogme.

Certains ont avancé que dans d’autres religions, il y a des triades avec parfois des dieux qui prennent des formes différentes (avatars dans la religion indienne, où le personnage divin prend des formes diverses). On a ainsi évoqué la trimurti indienne (Brahma, Vishnu et Shiva), mais précisément, la Trinité biblique n’est pas une triade qui change de forme… Il s’agit là de ce qu’on appelle le modalisme, hérésie qui a été combattue par les chrétiens.

D’autres ont voulu rapprocher la Trinité d’un polythéisme avec trois dieux, tout comme on pouvait avoir plusieurs dieux dans certaines religions antiques. Mais là encore, la Trinité est toute autre. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont pas trois dieux, mais un seul. La foi chrétienne n’est pas un polythéisme, elle est un monothéisme trinitaire.

La Trinité, c’est la grande originalité de la foi chrétienne : il faut s’y arrêter et y méditer. En fait, la doctrine de la Trinité ne repose que sur la révélation que Dieu a laissée dans sa Parole. Ce n’est que par ce moyen qu’on a pu la saisir. Ce ne sont ni l’expérience, ni l’observation de la nature, ni des raisonnements philosophiques qui permettent d’avoir connaissance de ce mystère. C’est parce que Dieu l’a révélé que l’on peut confesser cet élément de la foi. Personne n’aurait pu l’inventer, et c’est un gage d’authenticité.

Pour parler de cette doctrine spécifique, on utilise un mot formé par le latin trinus (qui veut simplement dire trois), forgé par les chrétiens (Tertullien) et devenu un mot à part entière. Certains parlent parfois du « Dieu trine », et en théologie la formule tri-unité est de plus en plus utilisée, car cette formule explicite que les trois sont un.

Explication du dogme de la Trinité

Il n’est pas nécessaire de disposer d’un langage très technique pour exprimer le dogme de la Trinité. Il peut être affirmé de façon simple avec trois propositions que nous démontrerons ensuite bibliquement :

  1. Il n’y a qu’un seul Dieu 
  2. Il y a trois personnes divines, de même essence mais distinctes
  3. Les trois personnes sont liées entre elles par des relations spécifiques3

Vérification des trois éléments du dogme avec la Bible.

1. Il n’y a qu’un seul Dieu (unité et unicité)

Les textes bibliques affirment très clairement un monothéisme strict. Dans un environnement polythéiste, Dieu a révélé la vérité du monothéisme dès le début de la révélation biblique4. La confession de foi israélite en Deutéronome 6.4 affirme ainsi : Shema Israël : Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, il est le seul Éternel.

Bien d’autres textes affirment le monothéisme : Exode 3.14, 1 Rois 8.60, et tant d’autres… À titre d’exemple, il suffit de citer Ésaïe 44.6 :

Ainsi dit l’Éternel, lui, le Roi d’Israël, le Seigneur des armées célestes, et qui l’a délivré : « Moi, je suis le premier et je suis le dernier, et en dehors de moi, il n’y a pas de Dieu

Ésaïe 44.6

Le Nouveau Testament reprend clairement l’accent monothéiste de la première partie de la Bible. Il ne conteste pas cette réalité, et en même temps, il existe une nouveauté significative autour de la personne de Jésus nommé Seigneur. Or, cette appellation si souvent utilisée dans les Églises est tout sauf anodine. En effet, dans la piété juive et dans l’Ancien Testament, Dieu est appelé « Seigneur ». Ce mot « Seigneur » juif fut traduit par « Kurios » en grec. Et étonnamment, dans le Nouveau Testament, on affirme que Jésus est « Seigneur / Kurios ». Autrement dit, les auteurs du Nouveau Testament affirmaient et assumaient l’égalité du Christ avec Dieu.

Ainsi l’apôtre Paul affirme un monothéisme étrange en 1  Corinthiens 8.6:

Mais pour ce qui nous concerne, il n’y a qu’un seul Dieu : le Père, de qui toute chose vient, et pour qui nous vivons, et il n’y a qu’un seul Seigneur : Jésus-Christ, par qui tout existe et par qui nous sommes.

1  Corinthiens 8.6

2. La divinité des trois personnes divines

Il n’est pas facile de comprendre l’idée d’un Dieu en trois personnes, car le concept semble impossible. Cette difficulté n’est peut-être pas si problématique si l’on admet que la créature ne peut pas dominer intellectuellement le Créateur. Il est logique que l’homme ne puisse pas maitriser intellectuellement Dieu.

Certaines analogies peuvent, de manière limitée, aider à percevoir quelque chose de la diversité et de l’unité de Dieu, mais il faut rester prudent : la plupart des analogies proposées restent au mieux limitées, au pire inappropriées.5 Sans exclure l’utilisation d’analogies bien réfléchies, il est préférable, dans l’enseignement du peuple de Dieu, de mettre l’accent prioritaire sur la juste formulation de la doctrine de la Trinité.

Une précision technique. En ce qui concerne Dieu, il n’y a qu’une seule essence, une seule nature, la nature divine, et il y a trois personnes qui sont cette nature divine. Ainsi, Dieu n’est pas un et trois sous le même rapport. Sinon il y aurait contradiction. Si c’était le même rapport, sous le même angle, ce serait absurde. Il faut donc distinguer nature et personnes. Dieu est une nature et en même temps trois personnes6. Pour le dire de manière un peu caricaturale, la personne répond à Qui ? La nature répond à Quoi ?

À la lumière des Écritures, on peut, sans hésitation, affirmer la divinité des trois personnes. Pour Dieu le Père, il n’y a pour ainsi dire « pas de problème ». L’ensemble des données bibliques permettent d’attester la divinité du Père sans aucune difficulté. L’enjeu est plutôt de pouvoir affirmer la divinité pleine du Fils et de l’Esprit.

En ce qui concerne Jésus-Christ, de nombreux éléments peuvent être avancés. ll y a d’abord des textes qui affirment clairement que Jésus est Dieu :

  • Jean 1.1 : Au commencement était la Parole et la Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu. Verset 14 : Et la Parole est devenue chair.
  • Jean 8 58 : Avant qu’Abraham fût, moi je suis.
  • Jean 10.30 : Le Père et moi nous ne sommes qu’un. (même nature, même essence que le Père)
  • Jean 20.28 : Mon Seigneur et mon Dieu ! (Thomas qui parle)
  • Actes 20.28 : Dieu s’est acquis l’Église par son sacrifice. (or c’est Jésus)
  • Tite 2.13 : Nous attendons le retour de notre Grand Dieu et Seigneur Jésus-Christ.
  • 2 Pierre 1.1 : Notre Dieu et sauveur Jésus-Christ.

Par ailleurs, Jésus possède des titres divins (le texte le plus marquant en ce sens est probablement Ésaïe 9.6:

  • Fils de Dieu
  • Oint,
  • Emmanuel,
  • Seigneur,
  • Père éternel

Tous les « Je suis » dans Jean qui font référence à Exode 3.14 :

  • Je suis le pain de la vie (Jean 6.35)
  • Je suis la lumière du monde (Jean 8.12)
  • Je suis la porte (Jean 10.9)
  • Je suis le bon berger (Jean 10.11)
  • Je suis la résurrection et la vie (Jean 11.25)
  • Je suis le chemin, la vérité et la vie (Jean 14.6)
  • Je suis le vrai cep (Jean 15.1)

On peut mentionner les honneurs divins qui sont rendus à Jésus. Ainsi, on se prosterne devant lui. Pour des Juifs, cet acte est inacceptable sauf devant Dieu lui-même (Matthieu 2.11 ; 14.33 ; 28.9,17 ; Luc 24.52 ;Jean 9.38). Il est aussi prié dans le livre des Actes et dans les épitres.

Les attributs de Dieu lui sont reconnus (il est tout puissant : guérisons, résurrections, délivrances ; il sait ce que les pharisiens ou ses disciples pensent dans leur cœur ; il peut s’affranchir, s’il le souhaite, des lois de la nature, comme lorsqu’il marche sur l’eau…)

Les missions (Jésus est le Créateur selon Colossiens, le juge selon Apocalypse…)

Les prérogatives (il pardonne les péchés, il sauve, il libère).

La divinité du Saint-Esprit est elle aussi bien attestée. Des attributs divins lui sont reconnus :

  • il est éternel (Hébreux 9.14),
  • omniscient (1 Corinthiens 2.10s. ; Jean. 14.26 ; 16.12s.),
  • omnipotent (Luc 1.35),
  • et omniprésent (Psaume 139.7-10).

Des œuvres divines lui sont attribuées :

  • la Création (Genèse 1.2 ; Job 33.4; Psaume 104.50),
  • la régénération (Jean. 3.5),
  • l’inspiration des Écritures (2 Pierre 1.21 ; voir aussi Actes 1.16 ; 28.25),
  • et la résurrection des morts (Romains 8.11).
  • La façon dont il est associé au Père et au Fils prouve non seulement sa personnalité, mais aussi sa divinité, comme dans la formule baptismale (Matthieu 28.19), la bénédiction apostolique (2 Corinthiens 13.13) et dans la vie de l’Église (1 Corinthiens 12.4-6).
  • Les paroles et les œuvres du Saint-Esprit sont considérées comme les paroles et les œuvres de Dieu (comparer Ésaïe. 6.9s. avec Jean. 12.39- 41 et Actes 28.25-27).
  • Finalement, il est expressément appelé Dieu (Actes 5.3s. ; 2 Corinthiens 3.17s.) et d’autres noms divins lui sont également donnés (comparer Exode 17.17 avec Hébreux 3.7-9 et 2 Timothée 3.16 avec 2 Pierre 1.21).

Le texte de Matthieu 28 est un texte très significatif, car il montre l’articulation trinitaire : baptisez-les au nom (singulier) du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Or si le Fils est une créature et l’Esprit une simple force, la formule n’a aucun sens !

Ainsi, quand une des personnes divines agit, c’est toute la Trinité qui est engagée. On parle parfois des opérations inséparables du Dieu trinitaire. Ainsi, le salut n’est pas uniquement l’œuvre de la seule deuxième personne de la Trinité, Jésus, mais c’est l’œuvre de la Trinité entière. Dieu s’est donné lui-même en Jésus par l’Esprit saint.

Il ne faut donc pas imaginer Dieu le Père qui offre une tierce personne, comme un pervers pas capable de donner sa propre vie, il fait crucifier son Fils ! En Jésus-Christ, on peut dire que c’est Dieu qui vient sur Terre, qui souffre et qui meurt pour nous.

D’une manière parfaitement unie et harmonieuse, c’est toute la Trinité qui est engagée dans l’histoire, mais nous ne percevons parfois que l’action de l’une des personnes. Pour parler de l’action de Dieu, on parle en théologie de la Trinité économique, c’est-à-dire agissante. Or c’est dans l’action qu’il est possible de distinguer les personnes de la Trinité, qui sont pourtant toujours un seul Dieu.

Nous pouvons illustrer ce propos avec les manières dont le salut est présenté dans la Bible sous trois angles différents :

  • Ainsi, le Père est celui qui nous accueille quand nous revenons à lui. On parle de conversion, de demi-tour. Ce demi-tour est magnifiquement illustré par Jésus dans la parabole des deux fils, le plus jeune revenant vers son Père après avoir souhaité sa mort et pris sa part d’héritage.
  • Lorsqu’elle met l’accent sur l’œuvre du Fils, la Bible évoque plutôt la rédemption ou le rachat. Ce sont la mort et la résurrection de Jésus-Christ qui nous donnent accès au salut, à la paix avec Dieu.
  • Un troisième angle est possible, quand on considère l’action de l’Esprit saint qui nous transforme et nous permet de vivre une métamorphose spirituelle, véritable circoncision du cœur qui nous attache à Dieu, en nous baptisant spirituellement.

Ces expressions se prolongent d’ailleurs dans la Bible par des manières de considérer l’identité des chrétiens :

  • Les enfants adoptés par Dieu le Père,
  • Les disciples de Jésus-Christ le Seigneur,
  • Le temple de l’Esprit.

On arrive ainsi à distinguer les personnes de la Trinité dans leur action. C’est bien Jésus qui est sur la croix et non le Père en tant que personne. Mais une question est alors posée : comment différencier le Père et le Fils dans ce qu’ils sont, et non seulement dans leur action ?

3. Les relations au sein de la Trinité

La manière de différencier les personnes dans la Trinité est tout sauf un passe-temps de théologiens qui s’ennuient. C’est en réalité un enjeu majeur, et les premiers siècles de l’histoire de l’Église ont été marqués par cette question. Certains, en effet, accusaient les Pères de l’Église d’inventer la divinité de Jésus-Christ et interpellaient : « Si la Trinité est vraie, on doit distinguer les personnes divines entre elles en dehors de leur action ». De nombreux faux docteurs proposaient des essais d’explication.

Certains enseignaient que puisque l’on ne peut pas séparer les trois personnes de la Trinité dans leur être même, c’est que Dieu se transforme et change de mode (modalisme) d’un moment à l’autre : tantôt Père, tantôt Fils, tantôt Esprit. D’autres ont dit que ce sont trois dieux (le trithéisme) qui forment un groupe divin, mais qui ne sont pas un Dieu unique. Ces deux faux enseignements ont eu des conséquences très graves qui se poursuivent aujourd’hui, alors même que les Pères de l’Église ont lutté contre ces erreurs.

En particulier, ils ont vu que dans la Bible il y a plusieurs fois des mentions d’ordre au sein de la Trinité, même si l’égalité est maintenue entre les membres de la Trinité. Tout le texte de Jean 14-16 présente la Trinité unie, et pourtant avec des personnes, relations et « rôles » distincts.

Ainsi, le lecteur constate que :

  • Jean 14.13 : le Fils agit pour la gloire du Père ;
  • Jean 14.28 : le Père est « plus grand » que le Fils incarné ;
  • Jean 14.10, 16.15 ; il y a égalité parfaite entre le Fils et le Père ;
  • Jean 14.16-17, 25-26 ; 15.26 : l’Esprit est envoyé par le Père sur la demande du Fils ;
  • Jean 16.5 : le Père est présenté comme celui qui envoie.

D’autres textes vont dans le même sens. Ainsi dans Hébreux 1.1-3, le Fils est le rayonnement de la gloire du Père, celui qui révèle pleinement Dieu. En Luc 10.21, le Fils obéit et trouve sa joie dans le fait d’obéir au Père, c’est une forme d’amour pour le Père. Le texte principal pour affirmer l’ordre dans la Trinité est 1 Corinthiens 15.

Le texte biblique présente donc bien un ordre au sein de la Trinité, mais comment en rendre compte sans perdre le fait que les trois personnes divines sont un seul et même Dieu ?

Au niveau « économique », c’est-à-dire de l’action, on voit comment distinguer les personnes, car on se place au niveau fonctionnel : le Christ s’incarne, envoyé par le Père, meurt et ressuscite. Le Saint-Esprit applique les bénéfices du Christ au croyant. On distingue donc bien les trois membres de la Trinité par la fonction, par le rôle qu’ils jouent dans l’histoire du salut. Ainsi, ce n’est pas le Saint-Esprit qui s’est incarné, ce n’est pas le Père qui a été crucifié.

Au niveau économique, il est aisé de distinguer les trois personnes, à cause de leurs rôles. Mais au niveau ontologique, pour ce qui concerne l’Être même de Dieu, cette différenciation est plus difficile. On ne peut pas les distinguer par la puissance (le Père n’est pas plus puissant que le Fils…). Père, Fils et Esprit sont tous trois tout-puissants.

Pour répondre à la problématique de la distinction des membres de la Trinité, les Pères de l’Église, au IVe siècle, ont développé le concept de « relations ». La théorie des relations est surtout due à saint Augustin, précédé par Basile de Césarée, qui expliquent que l’on ne pourra les distinguer que par leurs relations. Le Père est père et le Fils est fils. C’est ainsi que l’on peut les distinguer. Il n’y a rien d’autre qui les distingue. C’est la relation père-fils qui permet de distinguer le Père du Fils.

De manière un peu plus technique, Basile de Césarée a fait remarquer que les mots signifient à la fois les « substances » et d’autre part les relations. Ainsi, pour ce qui est du Père, le mot « Père » renvoie à la fois à la substance (il est père dans son identité propre) et à la relation spécifique (il est le Père du Fils). Ainsi, les relations entre les Personnes sont le fondement incontestable sur lequel on peut distinguer les personnes au sein de l’Être divin.

On peut compter quatre relations qui permettent de distinguer les personnes divines :

  • paternité : le Père engendre le Fils (côté du Père) ;
  • filiation : le Fils est engendré par le Père (côté du Fils) ;
  • spiration : relation qui lie le Père et le Fils au Saint-Esprit (côté Père et Fils) ;
  • procession : relation qui lie le Saint-Esprit au Père et au Fils.

Les relations permettent ontologiquement de comprendre la distinction au sein des personnes de la Trinité, et au travers des relations qui sont vécues au sein même de la Trinité, et qui la constituent, il est possible de réaliser que l’amour est au cœur même de la Trinité, puisque c’est ce qui relie les trois membres de la Trinité. Dieu est en lui-même un Dieu de d’amour. Il n’est pas simplement un Dieu qui aime, mais il est amour.

Le dogme de la Trinité dans la Bible

Le dogme de la Trinité n’est pas une simple construction des théologiens qui ont assemblé des données éparpillées dans le corpus biblique. Car même si le mot Trinité n’apparaît pas, cette doctrine était bien présente dans la pensée des auteurs bibliques. Ce dogme se dégage au moins de certains textes bibliques, et se précise au fur et à mesure. Cela ne doit pas surprendre. En effet, les chrétiens affirment une progression dans la révélation biblique et effectivement, le progrès de la révélation est assez net avec le dogme de la Trinité.

Puisqu’il y a progrès de la révélation, il n’est pas illogique que l’Ancien Testament pose peu d’éléments trinitaires, même si on en trouve des reflets fugaces et annonciateurs, des traces, que l’on comprend mieux après coup à la lecture du Nouveau Testament.

Dans ce sens, on a parfois cité les pluriels divins où Dieu dit « nous »7. Ainsi, en Genèse 1, Dieu déclare : « Faisons l’homme à notre image » ; en Genèse 11, une fois la tour de Babel construite, il dit : « allons, descendons ». De même en Ésaïe 6.8, il se questionne : « qui marchera pour nous ? ». On a parfois avancé qu’il s’agissait d’un pluriel de majesté. Mais, l’argument est contestable car le pluriel de majesté n’existe pas en langue hébraïque. Il existe d’autres pistes8, mais le pluriel divin résiste bien à la critique. Plus nettement, il faut mentionner le Dieu trois fois saint cité en Ésaïe 6.3, qui pousse à une réflexion trinitaire.

Ésaïe semble d’ailleurs être un livre où une approche trinitaire apparaît plusieurs fois. On y trouve par exemple le texte étonnant d’Ésaïe 6.9-10, un texte mystérieux, avec des échos néo-testamentaires significatifs. Le lien trinitaire a été démontré par un Père de l’Église appelé Didyme l’aveugle. Il souligne qu’en Ésaïe, Dieu vient de poser la question « qui marchera pour nous ? » On pense évidemment que c’est Dieu le Père qui prononce les paroles. Or, en Jean 12.37-43, ces paroles sont attribuées au Christ et en Actes 28.25-27, les paroles sont attribuées à l’Esprit…

Un autre texte du même prophète possède un accent trinitaire. En effet, en Ésaïe 48.16, il est écrit : Approchez-vous de moi, écoutez bien ceci : Dès le commencement je n’ai jamais parlé dans le secret. Quand les événementsse sont produits, j’étais présent. Et maintenant le Seigneur, l’Éternel, m’a envoyé et son Esprit est avec moi. Dans ce texte, il n’est pas question du prophète, mais du serviteur de Seigneur. Or ce serviteur existe depuis l’origine, il signifie quelque chose de divin par sa présence éternelle, et par ailleurs, le Seigneur l’envoie et son Esprit est avec lui. L’allusion trinitaire semble nette.

Il est encore possible de citer les trois anges rendant visite à Abraham qui sont soudainement appelés Dieu (Genèse 18), l’étrange ange de l’Éternel qui devient lui aussi soudainement Dieu lui-même (Genèse 16.7-12 ; 21.17-18 ; 22.11-18 ; Exode 3.2 ; Juges 2.1-4 ; 5.23 ; 6.11-24 ; 13.3-22 ; 2 Samuel 24.16 ; Zacharie 1.12 ; 3.1 ; 12.8), et le Serviteur de l’Éternel (que l’on trouve particulièrement chez Ésaïe).

Dans le Nouveau Testament, les éléments sont bien plus nombreux. On y trouve plusieurs scènes trinitaires où les trois personnes de la Trinité sont présentes. Ces récits permettent de lutter contre le modalisme9. Citons les récits du baptême et de la transfiguration de Jésus.

Plusieurs formules trinitaires liturgiques se trouvent également dans le Nouveau Testament :

  • celle de Matthieu 28.18 déjà citée ;
  • Jean 14-16, où les trois sont cités, et où une théologie trinitaire particulièrement construite est développée ;
  • Romains 15.30 : Je vous le demande, frères, par notre Seigneur Jésus-Christ et par l’amour que donne l’Esprit : combattez avec moi, en priant Dieu pour moi ;
  • 2 Corinthiens 1.21 : C’est Dieu, en effet, qui nous a fermement unis avec vous au Christ et qui nous a consacrés à lui par son onction. Et c’est encore Dieu qui nous a marqués de son sceau, comme sa propriété, et qui a mis dans notre cœur son Esprit comme acompte des biens à venir ;
  • 2 Corinthiens 13.13, avec des appropriations intéressantes : Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit, soient avec vous tous ;
  • Galates 4.4-6 : Mais, lorsque le moment fixé par Dieu est arrivé, il a envoyé son Fils, né d’une femme et placé par sa naissance sous le régime de la Loi,pour libérer ceux qui étaient soumis à ce régime. Il nous a ainsi permis d’être adoptés par Dieu comme ses fils. Puisque vous êtes bien ses fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, c’est-à-dire « Père » ;
  • Éphésiens 1, Éphésiens 2.18 : Car, grâce à lui, nous avons accès, les uns comme les autres, auprès du Père, par le même Esprit ;
  • Éphésiens 2.22 : unis au Christ, vous avez été intégrés ensemble à cette construction pour former une demeure où Dieu habite par l’Esprit ;
  • 2 Thessaloniciens 2.13-14 : Mais nous, nous devons sans cesse remercier Dieu à votre sujet, frères, vous que le Seigneur aime. En effet, Dieu vous a choisis pour que vous soyez les premiers à être sauvés par l’action de l’Esprit qui vous a purifiés et par le moyen de votre foi en la vérité. C’est à cela que Dieu vous a appelés par la Bonne Nouvelle que nous vous avons annoncée, Dieu vous a appelés, pour que vous possédiez la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ ;
  • Tite 3.4-6 : Mais quand Dieu notre Sauveur a révélé sa bonté et son amour pour les hommes, il nous a sauvés. S’il l’a fait, ce n’est pas parce que nous avons accompli des actes conformes à ce qui est juste. Non. Il nous a sauvés parce qu’il a eu pitié de nous, en nous faisant passer par le bain purificateur de la nouvelle naissance, c’est-à-dire en nous renouvelant par le Saint-Esprit. Cet Esprit, il l’a répandu avec abondance sur nous par Jésus-Christ notre Sauveur ;
  • Hébreux 9.14 : Mais le Christ s’est offert lui-même à Dieu, sous la conduite de l’Esprit éternel, comme une victime sans défaut. À combien plus forte raison, par conséquent, son sang purifiera-t-il notre conscience des œuvres qui mènent à la mort afin que nous servions le Dieu vivant ;
  • 1 Pierre 1.1-2 : Dieu, le Père, vous a choisis d’avance, conformément à son plan, et vous lui avez été consacrés par l’Esprit, pour obéir à Jésus-Christ et être purifiés par l’aspersion de son sang. Que la grâce et la paix vous soient abondamment accordées ;
  • Jude 20-21 : Mais vous, mes chers amis, bâtissez votre vie sur le fondement de votre foi très sainte. Priez par le Saint-Esprit.Maintenez-vous dans l’amour de Dieu en attendant que notre Seigneur Jésus-Christ, dans sa bonté, vous accorde la vie éternelle.

Le Nouveau Testament propose aussi des passages où la diversité (voire la Trinité) est pensée avec l’unité.

  • Le texte de Jean 14-16 aboutit à une longue prière de Jésus pour l’unité des chrétiens au sein de l’Église une.
  • Tout le texte d’1 Corinthiens 12 avec la métaphore du corps, qui considère l’Église, fait un lien avec les personnes de la Trinité qui sont présentées dans la diversité de leur action et pourtant unies.
  • En Éphésiens. 4.4-6, Paul articule l’idée de « tous » et de « un seul » : Il y a un seul corps et un seul Esprit ; de même, Dieu vous a fait venir à lui en vous donnant une seule espérance : celle à laquelle vous avez été appelés. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous qui règne sur tous, qui agit par tous et qui est en tous.
  • À noter aussi la salutation trinitaire d’Apocalypse 1.4-7 : Que la grâce et la paix vous soient données de la part de celui qui est, qui était et qui vient, de la part des sept esprits qui se tiennent devant son trône et de la part de Jésus-Christ, le témoin digne de foi, le premier-né d’entre les morts et le souverain des rois de la Terre.
  • Enfin, on peut mentionner qu’il y a probablement une fausse trinité satanique dans le dernier livre de la Bible avec le dragon, la bête et le faux prophète.

La Trinité… et alors ?

La doctrine de la Trinité, même si elle est complexe et s’est forgée avec le temps de la révélation progressive, est néanmoins une doctrine biblique. Il s’agit donc de la maintenir et de la défendre.

En même temps, il est légitime de réfléchir aux manières de penser et d’enseigner cette doctrine immuable en tenant compte des enjeux de notre temps et des défis qui sont les nôtres.

Cette doctrine est importante, car sans elle, il faudrait dire que Jésus n’est pas Dieu. Et si Jésus n’est pas Dieu, c’est le sens même de l’Évangile qui s’effondre… C’est une doctrine essentielle pour le christianisme. Les enjeux sont énormes. On ne peut donc pas laisser ce point de côté et tout chrétien devrait s’en saisir fermement.

Cette doctrine nous place face à notre finitude et à la distance infinie qui nous sépare du Dieu éternel. Notre connaissance de Dieu reste ainsi nécessairement limitée. Bien des élans de toute-puissance humaine (y compris dans l’Église) pourraient être évités en maintenant ce nécessaire écart. Et puisqu’il est normal que l’on ne puisse pas tout saisir de Dieu, la folle prétention de tout maîtriser par notre savoir serait aussi retoquée au profit d’une gestion intelligente de ce qui nous appartient en responsabilité propre sans nous prendre pour des dieux qui saurions toute chose et aurions réponse à toutes les questions de l’univers… Le dogme de la Trinité a suscité beaucoup de controverses et d’essais d’explication. Reconnaissons humblement que le mystère de la personne divine nous dépassera toujours, mais ne lâchons rien. Dieu est trois en un.

Le Dieu trinitaire est enfin le seul qui puisse être un Dieu d’amour. En effet, il est amour en lui-même, et il n’a donc pas de besoin de créer pour partager son amour. Il est pleinement Dieu et en lui-même l’amour réside pleinement. À ce titre, l’impératif de Jean 13.34-35 nous invite à vivre en Église ce qui se vit au sein même de la Trinité. Comme Jésus l’a déclaré, c’est à ceci que tous connaîtront que nous sommes ses disciples !

Notes de bas de page
  1. MACINTYRE Alasdair, Après la vertu : étude de théorie morale, Paris,PUF, 2013. ↩︎
  2. Voir NOLL Mark, The Scandal of the Evangelical Mind, Grand Rapids, Eerdmans, 1994. ↩︎
  3. Ainsi le Fils procède éternellement du Père (engendré éternellement par le Père), le Saint-Esprit procède éternellement du Père et du Fils. Certains théologiens (comme Moltmann, Volf, Bilézikian…) maintiennent que l’on peut contester l’idée d’un « ordre » (au sens d’« organisation ») au sein de la Trinité. Ces théologiens, influencés par l’Orient orthodoxe, veulent défendre une trinité sans ordre, an-archique (« littéralement sans état, sans organisation, sans ordre », cf. https://www.cordial.fr/dictionnaire/definition/an-archique.php) pour des motifs politiques et/ou ecclésiologiques. Lire à ce propos l’article d’Henri Blocher : « La Trinité une communauté an-archique ?», Théologie évangélique, vol 1, n°2, 2002. ↩︎
  4. On doit affronter la critique des libéraux, qui disent que le monothéisme n’est né que sous l’influence du « deutéro-Ésaie » (Ésaie 40-55…) et ont adopté une perspective évolutionniste de la religion israélite passant du polythéisme à l’hénothéisme ou monolâtrie (un « monothéisme » plus pratique que théorique selon lequel un peuple a son dieu, tout en croyant que d’autres dieux existent, contrairement à un monothéisme pur). Or, on peut contester le caractère linéaire et évolutionniste de l’histoire religieuse. On peut tenir qu’Abraham était monothéiste, mais que le peuple d’Israël, au temps des Juges, retombe dans le polythéisme. D’ailleurs, les Écritures elles-mêmes attestent l’existence de syncrétismes divers (condamnés par les prophètes) en Israël. Mais la religion officielle d’Israël était monothéiste. ↩︎
  5. Cf. NISUS Alain et al., Pour une foi réfléchie, Romanel-sur-Lausanne, Maison de la Bible, 2011, p. 68. Cet ouvrage propose comme analogies « intéressantes » celle de l’espace (hauteur, largeur, profondeur qui sont distinctes et indissociables à la fois) et celle de l’esprit humain (mémoire, intelligence, volonté). ↩︎
  6. Le concept de personne est un mot d’origine latine. En grec, on parle d’hypostasis – hypostase. On parle de trois hypostases, on parle aussi parfois de « suppôt » au Moyen Âge. Ce mot désignait ce qui est posé sous une relation. « Ce qui se tient sous » // hypostase. La personne est le JE qui possède, qui porte la nature. Dès que l’on essaie de décrire la personne, ce n’est pas une caractéristique de plus que la nature, mais c’est ce qui porte la nature. On parlerait aujourd’hui de sujet, de centre de conscience, de « Je » qui fait face à un Tu. C’est ce qui singularise la personne. C’est le je qui ne peut pas être dit pas un autre. On parle de subsistance ou de résidence. ↩︎
  7. Cet élément a été très exploité par les Pères de l’Église. ↩︎
  8. Les auteurs critiques considèrent que quand Dieu dit « nous », il s’adresse à sa cour, ses anges. Quelques auteurs critiques vont jusqu’à penser un état polythéiste qu’on a essayé de corriger ensuite. Or, quand les anges sont évoqués lors de la Création, ils sont plutôt spectateurs de Dieu (Ésaïe 40). Ils ne participent pas à la Création. L’interprétation la plus sobre, c‘est celle qui voit dans ces pluriels un pluriel de délibération avec soi. Dieu délibère avec lui-même, mais cela ne résout pas franchement la question de la diversité interne du Dieu un qui fait discuter les différentes parties de lui-même… ↩︎
  9. Avec cette idée que Dieu se transforme, change de mode. On appelle aussi cette hérésie le sabellianisme, du nom de son fondateur, Sabellius. ↩︎

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